Jour 83 – Le Lieutenant-Colonel Arnaud Beltrame se sacrifie à la place d’une otage dans l’attaque de Trèbes Paul Gérimon et Andréa Snarski, Maximilien Kolbe (Dominique Probst, Eugène Ionesco)

S’il n’y a pas de plus grand amour que donner sa vie pour ceux qu’on aime, que dire alors du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame qui s’est livré hier en échange d’une otage qu’il ne connaissait pas ?

Lumière éclatante d’humanité face aux ténèbres du terrorisme, ce geste héroïque rappelle celui de Maximilien Kolbe. Dans le camp d’Auschwitz, ce prêtre franciscain se livra à la place d’un autre détenu choisi par le chef du camp en représailles d’une évasion. Il fut alors enfermé avec neuf autres dans le Block 11, sans nourriture ni eau. Au bout de quinze jours, dernier survivant, il fut exécuté par une injection de phénol.

Cet acte inspira à Eugène Ionesco son ultime œuvre : le livret d’un opéra composé par Dominique Probst, à l’initiative d’un autre académicien, le dominicain Ambroise-Marie Carré. Maximilien Kolbe fut créé en Italie en 1988, les programmateurs français, coincés dans leur anticléricalisme, se montrant trop frileux pour monter l’opéra, pourtant commandé initialement par l’Opéra de Paris.

C’est donc une œuvre rare que je vous propose aujourd’hui, jouée seulement deux ou trois fois en trente ans. C’est ici la scène où Maximilien Kolbe se propose et subit la furie du chef de camp. Scène tragique qui, au seuil de la Semaine sainte, nous rappelle, comme le choix du lieutenant-colonel Beltrame, le sens du sacrifice.